Blog consacré au sport, opium du peuple du XXIème siècle! Pas tellement sous l'angle des résultats sportifs, mais plutôt sur les à-côtés tellement plus réjouissants!

25 mars 2007

Un apartheid qui continue entre les poteaux...




Seule nation à majorité noire dans un monde du rugby dominé par les nations anglo-saxonnes et la France, l’Afrique du Sud n’en est pas moins dans une situation tourmentée. Réintégrée dans le concert des nations il y a 15 ans, sa réconciliation arc-en-ciel autoproclamée n’abuse plus personne. Après le couac de 2003 où une affaire de racisme avait pourri l’ambiance, c’est l’occasion ou jamais pour le rugby Springbok de redorer son blason, tant sur le terrain qu’en dehors.
Les chiffres sont terribles: Noirs et Métis constituent 70 % des licenciés, 25 % des sélectionnés au niveau régional, 10 à 15 % (au mieux) des Springboks . On aurait pu penser que la fusion entre la fédération blanche (SARB) et la fédération noire (SARU) aurait amélioré la mixité raciale au sein de l’équipe nationale et de l’élite du rugby sud-africain, il n’en a rien été.

Le racisme dans le rugby est étroitement lié à la construction de la nation Boer qui s’est définie par opposition aux Noirs, et qui a choisi d’inclure les Anglais. Plus de cent ans après cette partition entre sport noble pour les Blancs (rugby) et sport de rue pour les pauvres (Noirs), la distinction demeure encore. Au point que le serpent de mer du quota de joueurs noirs dans l’équipe nationale ressurgisse de temps à autre. Le rugby est donc le reflet de cette Afrique du Sud que le politiquement correct ne saurait voir.
La victoire de 1995 est apparue pour le monde entier comme le symbole de la réconciliation entre Blancs et Noirs. L’image de Nelson Mandela porté par un joueur qui soulève la Coupe du Monde de Rugby a fait le tour du monde.
Mais derrière ce qu’il faut bien appeler un épiphénomène se cache une réalité ancrée dans plus d’un siècle de ségrégationnisme. Henry Blaha, n’a-t-il pas déclaré que « le football est un sport de gentlemen joué par des brutes tandis que le rugby est un sport de brutes joué par des gentlemen ». Pour les Afrikaners, le rugby est le sport blanc par excellence. Et ils ont tout fait pour garder la mainmise sur ce sport.
Le refus de Geo Cronje, un arrière blanc, de partager sa chambre avec un coéquipier noir n’est que le reflet d’une tradition profondément enracinée dans l’histoire de ce sport. Après la création du régime d’apartheid, une société secrète afrikaner, Broederbond (Fraternité) s’est littéralement emparée de ce sportt : elle comptait dans ses membres tous les présidents de la fédération et quasiment tous les capitaines des équipes nationales jusqu’en 1972. Sans parler de tous les Présidents de la République jusqu’à De Klerk . Les joueurs noirs étaient maintenus à l’écart non pas parce qu’ils étaient plus faibles, mais parce que les Blancs s’accaparaient toutes les infrastructures nécessaires.
Peu d’évolution depuis.La démission du porte parole de l’équipe au moment de l’affaire Cronje, Mark Keohane, en 2003 puisqu’il « ne pouvait pas supporter de rester dans une équipe où le racisme était encore toléré » ne sera sans doute pas suffisante pour faire évoluer les mentalités. La grande vedette noire des années 90, Chester Williams, écrit dans son autobiographie qu’il a été « manipulé » pour faire croire à la fin de l’apartheid.


Inquiétant, non?

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